Dalmace de Banyuls
Dalmau de Banyuls
- Né entre 1271 et 1280
- Il compte parmi les valeureux chefs catalans qui mirent leur épée au service des cités italiennes lors des luttes entre Guelfes et Gibelins.
- Avec Diego de Larrat, il se rend de Bologne à Ferrare en septembre 1307 pour porter secours à Azzo VIII d’Este contre les Gibelins.
- Après la mort d'Azzo, il prend part à la tête d'un contingent de la ville de Bologne à la guerre de succession de Ferrare, soutenant Fresco, le fils illégitime, contre les frères du défunt Azzo. Cependant, le Saint-Siège revendique à son tour la possession de la ville et y envoie deux nonces pontificaux chargés de conquérir la ville et chasser Fresco ainsi que les Vénitiens venus l'aider. Bologne se rangeant du côté du Pape, Dalmace est nommé vicaire de Ferrare et chef de l'armée pontificale, charges confirmées plus tard par le cardinal légat Arnaud de Pellegrue, pour diriger la guerre contre Venise changée en croisade.
- Après avoir vaincu Venise, Dalmace de Banyuls reçoit les titres de gouverneur et de capitaine général et gouverne Ferrare entre 1309 et 1313.
- Le 23 août 1312, le marquis Francesco d’Este est tué par des Catalans de la garnison qui tentaient de l'arrêter car il était accusé de conspirer pour récupérer le pouvoir de la ville. Soupçonné un temps, Dalmau de Banyuls préfère pour sa sûreté négocier avec Venise qu’il avait combattu auparavant. En 1313, le vicariat de Ferrare est confié par le Pape à Robert d'Anjou en remplacement de Dalmace. Libre, Dalmace se met avec ses hommes à la disposition de Venise son ancienne ennemie qui lui accorde sa citoyenneté. Un contrat de condetta est conclu pour une durée de 3 mois, à charge pour lui de soumettre Zara, sa colonie inssoumise, avec mille cavaliers et quinze cents fantassins armés, sans compter les écuyers, moyennant une somme de quarante mille ducats, dont quinze mille payés comptant. Un salaire complémentaire est stipulé au-delà de 3 mois si la ville n'a pas été prise dans le laps de temps, pour la prolongation du service. Il donne en caution son frère Ramon, son frère naturel Pere et son parent Pere Capdebou ; en cas d’échec, il doit demeurer au service de Venise.
- Après avoir réuni sa compagnie d'armes, Dalmace quitte Ferrare vers la fin d’avril 1313 pour Venise puis Zara et se montre fidèle à sa patrie d’adoption durant les trois premiers mois de siège. Parvenu à la mi-août, Dalmace envoie des émissaires à Venise réclamer l’argent qu’on lui devait, mais Venise offre seulement la moitié de la somme due, profitant du fait que Dalmace soit dépendant des navires de Venise pour rentrer. Devant la mauvaise foi de la Cité des Doges, Dalmace et le gouverneur de Croatie Maladina jugent opportun d’entamer secrètement des pourparlers avec Zara, si bien que le 1er septembre 1313, au moment de passer à l’assaut des murailles de Zara, les portes de la ville s’ouvrent subitement sans coup férir et Dalmace et sa compagnie passent à l'ennemi. Réalisant que la population de Zara réclame la paix, il s'impose comme arbitre entre les belligérants, Venise n'ayant d'autre choix qu'accepter, sa défection l'ayant fortement affaiblie.
- La médiation effectuée, il s'embarque de nuit avec ses hommes en direction des Pouilles sur des navires offerts par Zara afin de se mettre au service de Robert d'Anjou, roi de Naples. Cependant, une violente tempête survient et la plupart des navires de la flotte font naufrage. Dalmace parvient néanmoins sain et sauf à destination, mais totalement ruiné. On perd alors sa trace pendant quatre ans.
- En 1317 il est en vue à la cour de Sanche 1er. Il fait partie du Conseil du souverain, et figure d'ailleurs en tant que "Conseiller" dans un acte de reconnaissance que fait Bertrand de St Marsal pour son château de Montner.
- En 1318, Sanche de Majorque lui confie une mission importante auprès de Jacques II d’Aragon au sujet de sa succession.
- L’année suivante, il est nommé lieutenant du Roi à Majorque où il reste jusqu’en 1322.
- De retour à Perpignan à la mort du roi Sanche II en 1324, il ne tarde pas à se voir confier par Jacques II, roi d’Aragon, la charge de chancelier du royaume de Majorque.
- Il entre dans la conjuration qui s’oppose à la régence de Philippe de Majorque et devient un des chefs de l’insurrection. En décembre 1325, il se rend en ambassade à Avignon avec son frère Grimald, abbé de Saint-Michel-de-Cuxa, Aymerich de Narbonne, Bernat Ebrun et Ghillem Roig, pour demander au pape Jean XXII de ne pas accorder la dispense nécessaire au mariage de Constance d’Aragon, petite-fille de Jacques II, avec le jeune roi de Majorque, sans avoir bien examiné les clauses du contrat négocié par Philippe de Majorque. Dès le mois de janvier 1326, lorsque les infants Alphonse d’Aragon et Philippe de Majorque entreprennent leur expédition contre les rebelles et entrent victorieux à Perpignan, Dalmau de Banyuls et son frère Grimau son gravement compromis.
- En mars 1326, il est exclu avec douze autres révoltés de l’amnistie accordée par le régent Philippe aux Perpignanais révoltés. Il se voit alors emprisonné au château du Boulou avec la promesse qu’un pardon lui soit signifié après quelques jours de détention. Le viguier du Roussillon décide de l’enfermer dans une geôle plus dure au château de Montesquieu. Dalmace s’évade et se réfugie à la Curie.
- A sa majorité, Jacques III de Majorque donne sa confiance à Dalmau de Banyuls qu’il rétablit dans la charge de lieutenant du Royaume, charge qu'il occupe entre 1338 et 1340.
- Il lui concède le 12 janvier 1339 ainsi qu’à ses descendants la haute justice sur Saint-Jean-Lasseille. Une cérémonie de prise de possession a lieu appliquant la Charte Royale durant laquelle il fait planter des fourches patibulaires pour marquer cette prise de droit.
- Il disparaît de la scène politique en 1340 et meurt en 1345.
- De son épouse Francesca de Bellcastell, on lui connaît trois fils:
- Dalmau II de Banyuls qui lui succède à la tête des seigneuries de Banyuls et de Saint-Jean Lasseille.
- Ramon de Banyuls, qui épouse la fille de Ramon Ça Rocha,
laquelle lui apporte en dot la baronnie de Ça Rocha d'Anyer, soit le
fief de Nyer. Leur fils, Berenguer de Banyuls y Ça Rocha mourant sans
postérité en 1375 laissera le fief de Nyer à Dalmau II.
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Bordet de Banyuls, abbé de Saint Martin du Canigou
Voici ce qu'en rapporte la biographie de l'abbé Capeille:
Au Moyen Âge, les condottieres ou condottieri en italien (« mercenaires », de l'italien condotta, contrat de louage), sont des chefs d'armées de mercenaires.
Soldats réguliers démobilisés ou nobles en mal de gloire, ils mettent leur art de la guerre au services d'États. Leurs services sont généralement rémunérés en espèces, et parfois en terres et titres.
D'après leur condotta (engagement en italien, d'après le Larousse ou troupe conduite, commandée, d'après le Trésor de la langue française), les condottieres devaient fournir soldats, matériel militaire et commandement. Ils se multiplièrent à la faveur de la lutte entre Guelfes et Gibelins. Bien souvent, leur puissance devint telle qu'ils pouvaient prendre le contrôle de la ville qu'ils servaient.
Les condottieres s'épargnaient mutuellement : tandis qu'ils rançonnaient les habitants des pays vaincus et réclamaient des sommes importantes pour prix de leurs services, ils se renvoyaient généralement leurs prisonniers sans rançon.